
Presse
Par Claudia Pardo Garvizu
Le navigateur est un personnage attachant que nous avons tous convoqué à un moment de notre vie, soit comme projet, soit comme mythologie. Dans l'œuvre de Maria Barrio, le navigateur oscille entre un personnage et un concept ; un personnage parce que nous sommes en présence d’un voyageur en chair et en os, et un concept parce qu'il nous apporte une réflexion abstraite sur le temps et comment il traverse l'être et la connaissance du personnage.
Cette œuvre nous invite donc à lire un poème et une série d'aquarelles qui s’assemblent en un récit fait d'images, littéraires et picturales, immergées dans les profondeurs de l'eau, mais aussi en nous-mêmes. Le navigateur incarne une individualité qui ne se reconnaît elle-même que lorsqu'elle est capable de se dédoubler, de devenir deux : de se voir dans le reflet, d’être et d’habiter deux temporalités, le passé et le présent.
Ainsi, dans le poème, la voix poétique qui évoque l'image du navigateur marque deux moments constitutifs de celui-ci. Le premier est le passé, cette époque où le navigateur était une personne qui errait, qui nageait, qui s'emmêlait dans les nœuds ; contrairement au temps présent, moment où le poème marque un tournant et révèle un navigateur qui se sait maître de son destin. Ici, on joue avec deux sens, le destin comme futur déjà écrit et le destin comme destination, comme lieu spatio-temporel que l’on va atteindre. A ce moment de reconnaissance de l’être le poème chante dans les aboiements inlassables des chiens.
En même temps, la série d'aquarelles contribue à la puissance des images énoncées dans le poème et leur offre un nouveau statut temporel dans lequel il est possible de représenter la division du passé et du présent en un temps unique concentré par l'image picturale. De cette façon, l'être et la connaissance sont évoqués à travers l'image du navigateur divisé en son propre reflet, un miroir d'eau. C'est cet élément qui submerge le navigateur et qui lui renvoie sa propre image, parfois reconnaissable et parfois déformée dans un phénomène simultané. Et ici, le choix de l'aquarelle comme technique est primordial, car un jeu s'établit avec la forme, celle qui émerge des taches diluées dans l'eau ou celle qui, parfois, peut en cacher d'autres.
De même, l'image picturale nous amène à réfléchir aux gestes du navigateur. Ceux qui lui permettent de se reconnaître dans l'eau, dans son ombre ; car en effet, parfois, les flaques d'eau prennent la forme de l'ombre du personnage. Le navigateur ne peut être navigateur que dans l'eau et dans son ombre. Les gestes représentés dans les aquarelles montrent les actions du navigateur, mais en même temps, ils permettent la reconnaissance de lui-même, le moment de «savoir qu'il est le navigateur de ses propres mers».
Ce navigateur attachant et familier nous raconte son périple et nous parle de nos propres voyages, un moment de reconnaissance où l'on se rend compte que l'on a changé, que l'on a voyagé et que l'on entrevoit une destination ou une envie.
La sombra del navegante
Por: Claudia Pardo Garvizu
El navegante es un personaje entrañable que todos hemos solicitado en algún momento de nuestras vidas, ya sea como proyecto o como mitología. En el trabajo de Maria Barrio, el navegante oscila entre un personaje y un concepto; un personaje porque se nos manifiesta un viajero hecho carne, y un concepto porque nos trae una reflexión abstracta sobre el tiempo y cómo éste atraviesa el ser y el saber del personaje.
Esta obra, entonces, nos invita a la lectura de un poema y de una serie de acuarelas que se constituyen en un relato de imágenes, literarias y pictóricas, sumergidas en las profundidades del agua, pero también en el uno mismo. El navegante encarna una individualidad que solamente se reconoce a sí misma cuando es capaz de desdoblarse, de convertirse en dos: de verse en el reflejo, de ser y habitar en dos temporalidades, el pasado y el presente.
Así, en el poema, la voz poética que evoca la imagen del navegante marca dos momentos constitutivos de éste. El primero es el pasado, aquel tiempo en el que el navegante era un sujeto que deambulaba, que nadaba, que se enredaba en los nudos; en contraste con el tiempo presente, momento que el poema marca un giro y nos revela a un navegante que se sabe dueño de su destino.
Aquí, jugamos con dos acepciones, el destino como un futuro escrito y el destino como destinación, el lugar espacio-temporal al que se va a llegar. En ese momento del reconocimiento del ser el poema canta en los ladridos incansables de los perros.
Paralelamente, la serie de acuarelas contribuye a la potencia de las imágenes enunciadas en el poema y les otorga un nuevo estatuto temporal en el que es posible representar la división del pasado y el presente en un tiempo único condensado por la imagen pictórica. De tal modo que, el ser y el saber están evocados en la imagen del navegante dividido en su propio reflejo, un espejo de agua. Éste es el elemento que sumerge al navegante y que le devuelve su propia imagen a veces reconocible y a veces deformada en un fenómeno simultáneo. Y aquí, la elección de la acuarela como medio técnico es clave, porque se establece un juego con la forma, aquella que emerge de las manchas diluidas en agua o que, a veces, puede esconder otras formas.
Así también, la imagen pictórica nos lleva a reflexionar sobre los gestos del navegante. Aquellos que le permiten reconocerse en el agua, en su sombra; porque efectivamente, a momentos, los charcos de agua cobran la forma de la sombra del personaje. El navegante solo puede ser navegante en el agua y en su sombra. Los gestos representados en las acuarelas muestran las acciones del navegante, pero al mismo tiempo, permiten el reconocimiento del sí mismo, el momento del “saber que él es el navegante de sus aguas propias”.
Este navegante entrañable y familiar, nos cuenta de su periplo y nos habla de nuestros propios periplos, momento de reconocimiento en los que nos damos cuenta que hemos cambiado, que hemos transitado y que vislumbramos un destino o un deseo.